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Rêve aérien
Il pleut sur les rêves en chantier.
Elle a mal à sa fenêtre, libère les murs, les regarde s'envoler. Le vent les emporte derrière l'horizon bariolé de vestiges du passé. Un vacarme de fracas revient en boomerang.
Elle l'attrape d'une main détachée.
Enfin, elle peut rêver.
Elle rêve de se laisser entraîner dans le tourbillon de folie qui passe, pas si loin, d'y être engloutie, emportée par le courant. Laisser éclore ses parcelles enfouies, petite graines si mal cachées qui convoitent de germer. Ne plus rien se demander, être, jusqu'à l'éclatement.
Tremper ses doigts dans le présent, le goûter, délicatement, le lécher, s'en parfumer entièrement.
Vibrer de l'explosion du temps. Rester prisonnière d'une vaporeuse lumière, encerclée jusqu'à l'éternité.
Faut-il toujours être deux pour rêver ?
Faut-il toujours recevoir pour donner ?
Elle s'en fout, elle sait marcher, elle a deux ailes.
Et rêve seule, sans lui, au creux de la nuit.
Bercée par l'envie d'être happé par le rêve.
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