Le rêve de Marine

D’une poussée musculaire puissante, je m’envole hors de l’eau, touche la balle et l’envoie d’une tête vers les buts. Goal ! Le public hurle de joie et scande mon nom : « Marine, Marine ! ». Je chute sous l’eau puis remonte ; mille et mille gouttelettes scintillent de lumière. Dans l’équipe adverse, Clotilde me regarde d’un drôle d’air. Elle va tenter de marquer, je me place subrepticement sur son chemin. Trop tard, elle a pris de la vitesse et me bouscule violemment. Emportée dans son élan, elle rate son coup. Elle est comme ça, Clotilde, elle fonce méthode bulldozer, mais manque désespérément de finesse et de précision. J’aperçois la lueur moqueuse dans l’œil de Delphine, qui récupère la balle et attend un bref instant que je me positionne. Envoi. Récupération parfaite, tête, but. Sous les acclamations, Delphine effectue un salto arrière. Quelle grâce aérienne a ma copine !

Le match se termine sous les vivats. Ce succès nous amuse, mais me lasse aussi. Soudainement, je me sens triste. Est-ce ce rêve étrange que je fais parfois ? Je suis dans un bassin gigantesque dont je ne perçois jamais les contours, je nage, nage, nage. Il n’y a plus de ballon, plus de buts, rien que cette curieuse immensité.

Le sifflet du coach me ramène à la réalité. Comme les autres, je m’approche, attrape au vol quelques poissons. Comment ferais-je pour me nourrir dans l’étendue infinie, puisque personne ne m’enverrait ces exquises friandises ? Ce soir, dans le bassin de repos, je rêverai aux buts que je marquerai demain.

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