Toc-toc

Quand il a frappé à la porte de mon cœur, je me suis sentie toute décontenancée. Je ne pouvais lui ouvrir, rien n’était rangé. Pire : un sacré bazar s’étalait dans tous les centres, coins, pourtours. Des cartons partout, pas encore triés, et même des toiles d’araignée. En regardant mieux, j’ai vu des fissures qui sanglotaient contre un mur ensanglanté. Non, je ne pouvais me résoudre à l’accueillir dans un tel capharnaüm. J’ai hésité : faire semblant d’être absente ? Il repasserait. Le faire entrer, qu’il m’aide à ranger ? Impensable, il allait tout pousser du pied, négligemment. Ou agencer à sa manière. Alors j’ai crié : « Repassez dans vingt ans, on y verra plus clair ».

J’ai mis dix-neuf ans à panser, réparer, nettoyer, adapter, classifier. Puis j’ai attendu sur le pas de la porte, sous les rayons du soleil, de la lune, la neige, le vent, le froid, la canicule. Il n’est jamais revenu.
Je suis rentrée dans mon antre, tellement bien aménagée qu’elle empestait le vide. J’ai cherché son empreinte, elle s’était effacée. J’ai tourné en rond, attendant je ne sais quoi, puis j’ai vidé tous les cartons, étalé leur contenu, lézardé les murs, griffé les vieilles blessures. J’avais de nouveau de quoi m’occuper.

Et c'est là qu’un autre est arrivé.

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