Jalousie post-coïtale

Le cerveau télé-délavé, Boris observait sa dulcinée évoluer devant lui, la démarche bourlinguante. Amoureux jusqu’aux oreilles, le regard morveux sur tout ce qui osait la dévisager, plus jaloux qu’un essaim de tigresses, Boris surveillait à la fois la courbure de ses reins et les coups d’œil suspects alentour. Pas facile, mais ses neurones décrépis reprenaient une soudaine vigueur. Boris était le maître incontesté pour repérer à dix lieues à la ronde toute tentative de déroutage de la femme de sa vie. « Pas touche », affichait-il sur son visage potager mieux qu’un slogan sur ses T-shirts élimés.

L’amour fou ? En fait, Boris avait les lobes cérébraux qui décrochaient après une relation sexuelle. Chaque fusion épidermique le jetait dans une dépression post-coïtale qu’il confondait allégrement avec sentiment. Précisons que cet espace confiné nommé esprit n’avait jamais été aéré. A l’intérieur, ça sentait ferme le moisi. Aussi, dès que Boris localisait un regard prêt à exploser, des étincelles crépitaient dans ses yeux. Le court-circuit menaçait, la déflagration était imminente.

Mais là, point de prunelles obliques.

Ce qui aurait dû le calmer. Mais non, Boris devait décharger son agressivité pour expulser cette jalousie torride qui échauffait ses artères. Excédé, il explora les environs compulsivement, telle une tête de missile désemparée. Son radar était-il en panne ? Sa Suzanne ne plaisait-elle plus ? Il la scruta : ils avaient raison, tous ces regards indifférents, elle était moche, finalement. Il méritait mieux que cette grande surface à rénover et la planta là.


Un commentaire ?