5 : Ma deuxième soeur

Un cas pathologique de fusion liquide. Dotée d’une malformation sentimentale, elle fait ventouse dès qu’un mâle s’arrête devant sa porte, s’y accroche comme une anse à sa tasse, s’y cloue tel Jésus-Christ à sa croix. En un rien de temps, elle l’entraîne chez Ikéa, Prénatal et lui offre sa main. Lui s’empresse d’aller voir si l’air est plus oxygéné ailleurs.

N’allez pas croire qu’elle est engluée dans le mythe du prince charmant. Non, l’âme sœur, elle s’en fout. Elle veut juste s’arrimer à un ponton, même si celui-ci est à la dérive. Elle est prête à suivre n’importe qui, du moment qu’elle devient son centre de gravité. Une vraie abandonnique se terre au fond d’elle, qu’elle tente d’extraire à coups de séances chez un psy. Aux dernières nouvelles, elle s’agripperait, à travers l’autre, au désir d’échapper au temps et à la mort. Peut-être. Pourquoi pas. S’il le dit, je n’ai rien contre. Dans l’illusion de régler ce problème insoluble, elle se cramponne désormais également à son psy. Ce qui ne change strictement rien à son disfonctionnement de base : dès qu’elle entre en relation, elle a le cerveau qui frotte aux parois. S’arrache la tête avec ses interrogations. S’écroule écrasée sous une chape de questions. Et devient aussi attirante qu’un ramequin en plastique. Retour à la case départ. Accélération des séances. Tout ça pour du néant en boîte. A mon avis, sa seule chance de s’en sortir est de trouver plus crampon qu’elle.


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