6 : Mon cousin Arthur

Arthur est beau mec. En plus, Arthur est gentil. Mieux que ça : c'est une crème, de l’avis de ces dames. Le gendre idéal, l’ami de tous. Serviable, affable, il devance vos besoins. Se précipite sur la vaisselle une fois le repas terminé, surtout quand il est invité. C'est tout juste s’il ne se propulse pas sur le balai et la serpillière. Ça en jette. Des regards féminins envieux se tournent vers sa femme : qu'est-ce qu’il est bien, cet Arthur. Avec en prime : qu’est-ce qu’elle a donc pour mériter un type pareil ?

Car Arthur est aussi généreux. Sort sa carte bleue à très grande vitesse. Pourtant, Arthur ne gagne pas vraiment bien sa vie. Mais ce n’est pas grave, il aime tant inviter sa famille, ses amis…

Arthur aime tellement être aimé qu’il ne sait rien refuser. Arthur aime tellement être aimé qu’il ne sait que donner. Offrez-lui quelque chose, il surenchérira. Arthur paie sa dette.

La seule à oser s’en plaindre est sa femme. Chez lui, Arthur ignore totalement où peut bien se cacher l’aspirateur et n’entretient aucun rapport étroit avec le liquide-vaisselle. Dans le métro, il se précipite pour aider les jeunes femmes chargées d’une poussette dans les escaliers, tandis que la sienne se débrouille tant bien que mal derrière avec son marmot. Mais personne ne la croit si elle ose raconter cela.

Un jour, elle en a eu marre de se coltiner sans cesse le rôle de la mégère jamais contente et l’a planté là, le laissant recueillir des flots de compassion. Arthur, si gentil, n’aura pas de mal à trouver une autre femme, elles postulent déjà.


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