12 : Gabriel

Cinq ans d'études supérieures pour obtenir un beauf gradé d'entreprise. Gabriel, cousin éloigné, usine dans l'informatique. Gangrené par ses soixante-dix heures de labeur hebdomadaire, il raisonne comme déambule un crabe : de biais. La trentaine égarée, il aurait tout du beau mec s'il ne s'acharnait pas à produire des sons. Non qu'il soit idiot de conception. Mais le monde du travail lui a lobotomisé les deux hémisphères : plus un gamète de temps pour s'intéresser à la vie sur terre. Ses seules causeries orbitent depuis de longues années autour de html/informatikàtouteslessauces</a>.

Restant biologiquement un homme, il lui arrive cependant de s'entortiller les hormones. Ses circuits d'alacrité grésillent en relatant des blagues plus bovines qu'une armée de charolaises, contées originellement par sa confrérie cybernétique.

Par contre, quand il entre en période de brame, son clavier interne se bloque sur la touche escape. Panique dans tous les ventricules, fugue en ré majeur. Retour vers son ami l'ordinateur, intense immersion dans les méandres électroniques, une rasade de hardware, une injection de software, histware de se consoler de ses debwares.

Gabriel préfère désormais conjuguer sa vie au mode passif intensif : il attend qu'une princesse bionique perfore son fireware, bugge son système afin de réinitialiser enfin son disque dur. De l'avis général, seule une évadée d'un manga peut réussir cette performance.