Victoire, en deux rounds


On s’est observé méchamment pendant un bon moment. Puis les insultes ont ripé, nous écorchant l’une l’autre sans nous épargner. Soudainement, le ring s’est dressé, écrasant, on a enjambé les cordes sous les vociférations âpres du public. Présentation, regards de tueuses en série, gong. Go ! Désosse-la, réduis-la en poudre, cette rognure. Petits pas vifs, on se jauge, je profite d’un instant d’hésitation pour lui mandater mon premier crochet. Vas-y, déchire-la ! Pof, crochet du gauche pour rééquilibrer, enchaînement immédiat avec un uppercut au menton. Sonnée, elle vacille. Je recule légèrement, et hop, un fouetté tibia, si je pouvais lui casser l’os, à cette… Salope ! Je saigne du nez, j’ai pas vu venir le… Celui-là non plus, shit ! Concentration, concentration… Je vais lui faire avaler sa… Ouais, je ferais mieux d’arrêter de lui promettre les enfers et de l’y expédier direct.

Gong.

Minable. J’ai été minable. Grande gueule et courte en attaques. On se reprend vite fait. Et on lui repeint le museau en rouge. Olé.

Reprise des hostilités. Je réfléchis pas, j’y vais franco, d’un élan massif : chassé plexus, fouetté visage, elle n’a plus de garde, crochets en série, uppercut pour clore le débat. Encore debout ? Direct du droit, mon meilleur profil. Chute. Je la piétinerais bien mais c'est pas réglo. Je continue de sautiller autour d’elle, telle une mouche autour de son excrément favori. L’arbitre se penche, fait un signe définitif. Morte ? Elle est morte ? Je l’ai tuée ??

Je l’ai tuée !!

J’ai buté cette crevure de dépendance affective !

Demain, je me farcis mon inconscient. Rissolé à une autre sauce : avec 5000 watts en pleine tronche, il devrait me cracher prestement tous mes refoulements. Avec ses excuses en pourboire.


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