Bien-être pour l'éternité

Sur la porte c'est écrit : « Bien-être pour l’Eternité ». Je t’en ficherai du bien-être, c'est de l’ennui en dose pure, oui ! Mon dieu, mais qu'est-ce que j’ai fait pour atterrir au paradis ? D’accord, je n’ai pas tué, très peu volé, je n’ai pas convoité le mari de mes prochaines, sauf une ou deux fois, inutile de s’appesantir sur ces maigres détails, mais quand même. Pourquoi moi ? C'est dingue ce que ça sent le renfermé. Et le vieux. L’atmosphère est vérolée, désolée de le dire. En plus, ici, pas question de râler, de critiquer, de ricaner avec ses copines en matant les mâles. Plus de dérision, d’humour noir, de causticité. Pas le droit de contredire. Et je ne vous parle pas du sexe. Ok, on n’en a plus. C'est pas une raison pour ne plus y songer. De l’amour, ça ouais, mais sans désir, de l’amour universel, j’ai rien contre, mais avec tout le monde, même les crétins désossés qui t’auraient insupporté sur terre, faut pas pousser mémé. Pis mémé, justement, qu'est-ce qu’elle fout là cette rapiasse, avec tout le mal qu’elle a fait dans sa vie ?

Je ne me suis jamais autant emmerdée. Ambiance dégarnie. Juste cette musique insipide à longueur de temps, des psaumes, des sourires. Beurk, une vraie guimauve. Bon dieu, on se croirait dans une secte. Où se planquent les contestataires, il doit bien y avoir des insurgés quelque part ? Voire des prêts à s’évader ? Bordel, ça va durer combien de temps ce cirque de béni-oui-oui ? Ouais, l’éternité, c'est marqué dessus, ça va, je sais lire, mais j’ai du mal à digérer. Et je n’ai même plus le droit à l’aigreur.

A ce rythme, je sens que je vais encore être obligée de me suicider.


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