|
|
- Allô, Dieu ?
- Vous êtes bien sur le répondeur commun de Dieu, Allah, Yahvé et les autres. Veuillez laisser un message (il y en a un milliard six cent millions deux cent trois mille vingt-sept avant le vôtre), rappeler aux calendes bulgaro-tchétchènes ou envoyer un mail.
Cher Dieu,
On ne se connaît pas trop toi et moi, j’aurais préféré te parler directement au téléphone, mais c'est urgent. Ne t’ayant jamais rien demandé, j’apprécierais que tu réalises ma requête. Qui est très simple : rappeler à toi tous les crétins désarticulés qui osent regarder ma femme. Ok, ok, ça fait peut-être trop de monde. Ou alors la défigurer pour que plus personne ne la dévisage sans un mouvement de dégoût. Ce qui m’éviterait de la frapper quand elle répond aux œillades. Parce que je le vois bien, ah ah, qu’elle jette un œil discret autour d’elle quand on marche dans la rue. Elle me dit que c'est pour éviter de bousculer les gens, tu parles, hop, une baigne, pour lui apprendre à oser me mentir. Bref, je deviens violent et ça m’embête, mais je l’aime tellement que je ne peux pas me retenir. Je ne SUPPORTE PAS qu’elle regarde un autre mâle, ça me met… et merde, je viens de déchirer un bout de cette putain de lettre, tu vois comment ça me rend NERVEUX, Dieu ??
Tu pourrais aussi la faire mourir, mais je préfère pas. Parce que l’idée qu’elle se fasse draguer là-haut me donne envie de la cogner contre un radiateur. La dernière fois, elle est tombée dans le coma, j’ai eu peur, j’ai bien cru qu’elle allait y passer, et m’imaginer que des tas de crevés excités allaient la mater m’a rendu dingue, je lui ai remis une tarte dès que les médecins sont sortis de sa chambre. Donc pas de mort avant moi. Ni après, hein, on est d’accord ? Et si jamais c'est toi qui la lorgnes, je te jure que je te fous une dérouillée d’enfer. Capito ?
|
