Jouissif
malheur
Le bonheur ou les instants de gaieté ne la touchaient pas, la laissaient sur le bas-côté du monde. Elle ne se sentait vivre que dans l’intensité de la souffrance, du drame, des pleurs. Son émotion était alors à son comble. Elle avait pour devise : « Souffrir, c'est exister ». Tenir une main crispée, serrer un corps recroquevillé la transcendait, traçait une ligne invisible avec tous les êtres qui, au même moment, étaient murés dans leur tourment. Elle savait repérer sur un visage inconnu la plus infime empreinte de détresse, qui l’attirait comme un aimant. Ses amis pouvaient toujours compter sur elle quand ils étaient dans l’affliction. Par contre, pour partager une bonne nouvelle, inutile de l’appeler, elle s’inscrivait en urgence aux abonnés absents. |