Le battement d'ailes du papillon


Sa mère lui avait toujours dit de prendre garde à ne pas effleurer le fil des événements. Sur leur race pesait une malédiction : ils avaient le don de pouvoir, d’un simple battement d’ailes, changer le cours du temps, déclencher des cyclones et des guerres. Il lui faudrait toute sa vie rester prudemment à distance des humains pour ne pas perturber leurs destinées. Victor jura de respecter leur devise et quitta le cocon, un matin ensoleillé. S’il n’avait pas le droit de se poser sur le monde, il voyagerait d’un bord à l’autre.

Victor s’envola et parcourut des plaines, des montagnes, des plateaux, contourna des lacs, se cacha sur un bateau pour traverser la mer. Fidèle à sa promesse, il n’osait trop s’approcher des humains et s’enfuyait dès qu’il en apercevait un. Sa mère aurait été fière de lui.

Un jour, il se perdit dans un désert caillouteux et erra longtemps. La chaleur le terrassait de plus en plus, et il craignait de finir là, loin de toute végétation hospitalière, quand il aperçut une grotte. A l’intérieur, enfin un peu de fraîcheur. Il voleta ça et là et, aveuglé par la pénombre, heurta soudainement une masse qui s’écroula sous son léger poids. A moitié assommé, Victor se rassura : cette bévue était sans conséquence. Il y avait bien eu un cri humain, mais suivi immédiatement de rires.

Oussama et ses amis s’esclaffaient en se congratulant : grâce à ce petit papillon échoué sur une maquette en carton, ils venaient de trouver la solution pour abattre deux tours, à quelques milliers de kilomètres de là.


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