Comment ne pas aimer ses enfants

Elle débarque sans jamais être invitée, parfois le dimanche, cerclée de ses braillards, parfois le soir, en solo, vague oxygénation avant de rejoindre son domestique cachot. Pourquoi lui en voudrais-je ? C'est le modèle que je lui ai soumis, et qu'elle a repris, sans aucune imagination.

Je ne me souviens même plus comment elle était enfant. Si insignifiante, déjà ? J'attendais sa rébellion adolescente, elle resta plantée comme une guimauve, ânonnant des « oui papa » à lui en pirouetter la tête pour lui donner le goût d'un autre angle.

J
'ai vite renoncé. J'ai peut-être renoncé dès le début, quand j'ai deviné, dès les prémisses de son enfance, qu'elle ressemblait déjà à ce que deviendrait sa mère. Sale avenir familial qui se dessinait.

Depuis, elle reste fidèle à la branche féminine. Même pas chiante, juste ennuyeuse. Conversations de gare. Insipide jusqu'à l'os. Putréfiée vivante qui déverse sa coulée de paroles flasques. Son mari, à son image, a tout de la momie. Un jugement sur tout, aucune idée sur rien. Ils caquètent de leur vie cadence sanibroyeur, le dernier achat de lino, de chaussettes en promo, de tomates cerise ou de home cinéma. Quand je les entends, une étrange pulsion de voter De Villiers m'envahit, et pourtant je ne vois pas le rapport. Sans doute un peu comme une rafale de néant qui s'abattrait sur mon cerveau et s'agripperait à mes hémisphères.

Cela doit faire cinq ans que je ne lui ai pas parlé et elle ne s'en est toujours pas rendu compte.


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