Tu n'auras qu'un seul dieu

C'est dimanche. Jour sacré entre tous. Lever matinal. Il jette un œil à sa femme, elle dort encore. Douche, café, croissants décongelés à cuire. Le dimanche, il aime être seul aux aurores. La semaine il est absent, écume les routes avec son attaché-case et son ordinateur portable. Le samedi, trop agité. Les enfants qui courent, qu’il faut emmener au tennis, à la trompette, à la chorale, et puis elle au supermarché. Déambulation dans les allées surchargées. Ecœurement sulfuré. Vivement dimanche. Seul vaut le dimanche. Calmes dimanches. Le seul jour pour lui. Et pour Lui.

La maisonnée s’éveille, il se replie dans son bureau, feuillette quelques revues. Toutes ces publicités qui explosent de couleurs, mine de dégoût. Aucun dessin, aucune photo ne peut reproduire sa Beauté, sa Grandeur. Bientôt l’heure.

Il se prépare. Dans la cuisine, sa femme s’affaire pour le déjeuner dominical. Chacun son culte. Enfin, il sort. Au loin, les cloches retentissent. Il est dix heures, la symphonie va commencer. Dans le garage, il retire le plastique qui protège de la poussière son cabriolé vert bouteille, ouvre les portes, démarre doucement. Des enceintes jaillit à pleine puissance une Messe de Bach. Recueillement. Sourire émerveillé. Il se gare devant la porte dans la rue, descend. S’agenouille devant les jantes chromées, une peau de chamois à la main, un seau dans l’autre. Chaque semaine, la même émotion qui pointe quand il commence à caresser doucement cette Merveille, tandis que ses voisins lavent à grands coups de jets d’eau leur voiture. Un moment de communion intense. C'est dimanche.

 


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